Culture de la perle
L'histoire de la perliculture
Bien que les écrivains grecs aient fait référence à la culture de perles en Mer Rouge dès le 2ème siècle avant Jésus Christ, il semblerait que celle-ci a réellement débuté en Chine au 13ème siècle, aux environs de Canton.
Déjà à cette époque, les bases de la culture perlière étaient connues. Elle consistait alors à coller à l’intérieur d’une huître des boulettes de boue ou des figurines de plomb, afin que la nacre les recouvre. De nombreuses représentations de Bouddha en nacre ont ainsi été produites.
Ce n’est cependant qu’en 1904, au Japon, que débuta réellement la culture des perles rondes telle que nous la connaissons aujourd’hui. A cette époque, Tatsuhei Mise mit au point la technique qui consiste à introduire dans l’huître un noyau de nacre autour duquel la perle va se former. A quelques mois d’intervalle, un autre japonais du nom de Nishikawa développait lui aussi une méthode similaire. Ce procédé est ainsi appelé Mise-Nishikawa.
Si l’on doit à ces deux japonais la technique de la culture perlière, c’est à Kichimatsu Mikimoto que l’on doit son développement. Son nom est aujourd’hui automatiquement associé aux perles. On lui prête d’ailleurs à tort l’invention de leur culture. Malgré cela, il ne fait aucun doute que le marché de la perle n’aurait pas connu un tel essor sans le travail passionné et acharné de cet homme.
Né en 1858, ce fils de maraîchers se lança très vite dans le commerce des perles fines, où la qualité de ses sélections lui valut la reconnaissance de ses pairs. Dès lors, il compris rapidement qu’au rythme où les bancs d’huîtres s’épuisaient, il allait devenir plus que nécessaire de développer la culture des perles.
Ses débuts furent compliqués. Ne connaissant alors pas la technique, il mit plusieurs années à obtenir son brevet de producteur de perles rondes. Ses fermes durent également affronter de nombreuses épidémies successives. Malgré cela, sa production n’a jamais cessé d’augmenter et ses fermes comptaient dans les années 50 plusieurs millions d’huîtres perlières.
La perliculture fut affinée au Japon jusqu’à la fin des années 1910. Une fois celle-ci au point, les cultivateurs cherchèrent à exporter la technique dans le pacifique Sud où les perles fines étaient plus grosses.
Leur première destination fût l’Indonésie. Il fallut ensuite attendre les années 1950 pour voir la perliculture se développer en Birmanie et en Australie, puis en 1962, aux Philippines et à Tahiti, toujours sous l’impulsion des cultivateurs et techniciens japonais.
La perliculture et sa technique
La perliculture est un travail long et délicat. Elle consiste à introduire à l’intérieur d’une huître adulte un nucleus et un greffon autour duquel se développera la perle.
Dans un premier temps, il s’agit purement et simplement d’ostréiculture. En effet, à la période de ponte des huîtres, les fermiers placent en mer des collecteurs sur lesquels se déposent les futures huîtres. On les place ensuite en « nursery » sur de grandes claies en bois recouvertes de filets qui les protégeront des prédateurs. Les huîtres grandissent ainsi en sécurité pendant deux ans.
Elles sont ensuite vendues aux cultivateurs qui les placent dans leurs fermes pendant encore un an avant de les opérer, le temps pour les huîtres de s’acclimater à leur nouvel environnement. Arrive alors la phase la plus délicate de la culture des perles : la greffe.
On entrouvre les huîtres afin d’y insérer un noyau de nacre autour duquel se formera la perle. Dépendant de la taille de ce noyau, une huître produira une perle plus ou moins grosse. Cette opération demande une grande dextérité. Beaucoup d’huîtres meurent d’ailleurs après la greffe. Pour celles qui subsistent, si cette greffe est mal réalisée, l’huître ne produira pas de perle, ou au mieux une perle de forme irrégulière.
Une fois cette opération effectuée, les huîtres sont placées en mer dans des paniers que l’on suspend ensuite à des radeaux. Ceux-ci permettront au besoin de déplacer les paniers dans des eaux plus favorables. La teneur en plancton et la température ont en effet un impact important sur la croissance des perles. Quelques degrés en trop ou en moins, et c’est toute une récolte qui est menacée.
Les perles grandissent ainsi pendant un à trois ans afin que la couche de nacre soit suffisamment épaisse. Il est très rare que ce délai soit déplacé. Plus une huître reste longtemps en mer, plus le risque d’obtenir une perle de forme baroque augmente.
Vient enfin le temps de la récolte. Elle est réalisée avec une grande minutie. Si l’huître a bien supporté la première opération, elle peut tout à fait produire d’autres perles. Dans ce cas, aussitôt la perle extraite, on place immédiatement un autre greffon avant de remettre l’huître à la mer.